Après un vol de moins de 3h, l’arrivée à l’aéroport de
Sofia est d’emblée dépaysante : les affiches publicitaires et autres
panneaux de signalisation sont écrits en alphabet cyrillique et ici la monnaie
est le Lev, indexé sur l’Euro, avec un taux de change environ de 1 Euro = 2
Leva.
Découvrir la Bulgarie est une expérience surprenante et très
intéressante, tellement ce pays a été le lieu d’une histoire tumultueuse. Sa
situation stratégique sur la Péninsule Balkanique,
encerclé par la Roumanie au nord (frontière formée par le Danube), la Serbie et
la République de Macédoine à l’ouest, la Grèce et la Turquie au Sud et enfin,
la mer Noire à l’est en a fait un territoire très convoité tout au long de son histoire.
Un petit peu d’histoire …
Descendants de la civilisation des Thraces, peuple de souche indo-européenne, qui s’installa sur le
territoire bulgare 3000 ans av. J.C. , les Bulgares sont issus de multiples
tribus dont les tribus slaves qui font leur apparition au 5ème
siècle en Bulgarie.
En 865, le prince Boris 1er convertit la Bulgarie au christianisme afin d'unifier le pays et fait adopter l'alphabet cyrillique, version simplifiée de l'alphabet glagolitique créé quelques années plus tôt par Cyrille et Méthode. Les réformes de Boris 1er vont conduire le premier Empire bulgare à son âge d'or et faire naître la "Grande Bulgarie", qui regroupe la Serbie, l'Albanie et la Macédoine. C'est alors le plus grand royaume d'Europe qui rivalise avec Byzance. La corruption entraîne la fin de ce premier empire.
S’ensuit une
emprise pendant deux siècles de l’Empire byzantin, où l’ancien Empire bulgare
n’est plus qu’une simple province. Au 12ème siècle, l’affaiblissement de
l’Empire byzantin profite au territoire bulgare qui va voir naître le second
Empire bulgare, marqué par un essor économique et culturel sans précédent.
L’arrivée des Turcs ottomans mettra fin à cet empire en 1396, la Bulgarie
devient alors une province de l’Empire ottoman auquel elle restera soumise
du 14ème au 19ème siècle.
A l’initiative de Vassil Levski, surnommé « l’apôtre
de la liberté », la révolution pour l’indépendance du pays va se mettre en
place à partir de 1850 (« éveil
national »). L’insurrection
d’avril 1876, avec l’aide de l’armée russe et la mobilisation de la population va
permettre à la Bulgarie de se libérer de l’occupation ottomane qui a duré près
de 500 ans. Cet événement est commémoré à travers la fête nationale instituée le 3 mars 1878.
Aujourd’hui la population de Bulgarie est composée de 85%
de Bulgares ethniques, 11% de Turcs, 4% de Tsiganes et moins de 1% d’autres
origines : Juifs, Arméniens, Grecs, Russes.
Au carrefour de l’Orient et de l’Occident, on ressent les
multiples influences de ce passé lorsqu’on visite les villages et villes du
pays. Dans certains villages, on peut visiter des églises très basses, construites
durant l’occupation ottomane et dont la hauteur ne devait pas dépasser celle d’un
cavalier Turc à cheval. A Sofia,
l’impressionnante cathédrale orthodoxe St Alexandre Nevski, l’église russe St
Nicolas, la mosquée Bania Bachi et la synagogue (une des plus grandes d’Europe)
se situent à quelques mètres les unes des autres.
A la différence de la Croatie qui s’est réhabilitée au
rang des premières destinations touristiques, et qui m’avait donné
l’impression, lors de mon séjour en 2008, d’un pays à l’économie et au tourisme
florissants, la Bulgarie donne une toute autre impression.
D’ailleurs, les
chiffres sont éloquents : le PNB de la Bulgarie, qui compte presque deux
fois plus d’habitants et a une superficie deux fois plus importante que la
Croatie, représente environ 2/3 de celui de la Croatie.
C’est pourtant un pays
qui a du potentiel, notamment dans l’agriculture biologique (4ème
producteur mondial de plantes médicinales) ou le tourisme thermal (500 sources thermales).
La vallée des roses, où est cultivée
la rose de Damas, probablement
importée par les Turcs, s’étend sur des dizaines de kilomètres et a permis à la
Bulgarie de produire 10% de l’essence de rose dans le monde.
Le pays mène
depuis plusieurs années une politique d’austérité budgétaire en vue de son
adhésion à la zone euro prévue pour 2014. Mais les nombreuses affaires de
corruption, de mafia et du commerce de la drogue sont un frein et ont
d’ailleurs causé le report de l’adhésion à l’espace Schengen, qui était prévu
en 2011.
Située dans les
Balkans (Turquie d’Europe, Grèce, Bulgarie, Albanie, pays de l’ancienne
Yougoslavie), la Bulgarie est couverte à plus d’un tiers de forêts avec plus de
300 réserves et parcs naturels et de nombreuses chaînes montagneuses qui
couvrent environ ¼ du pays.
Le massif du Balkan
long de 550 km qui coupe le pays en deux horizontalement, abrite les gorges de Vratsa et d’Iskar et des canyons.
J’ai beaucoup aimé les différents
paysages qu’offre le pays, les magnifiques forêts de hêtres, les alpages
rappelant l’Autriche où retentissent les clarines des troupeaux de vaches ou
moutons, les gorges avec leurs falaises impressionnantes, les massifs de grès
rouge dans la réserve naturelle de
Bélogradtchik, où les pitons rocheux ont des formes féeriques.
A la différence de la Croatie, où près de 90% des
personnes sont catholiques, la Bulgarie comptabilise dans sa population près de
90% d’orthodoxes et près de 10% de musulmans.
Eglises orthodoxes et monastères aux
intérieurs dorés d’or et couverts d’icônes et de fresques magnifiques font
partie du paysage, que ce soit à Sofia ou dans les villes et villages du pays.
Le Monastère de Rila datant du 10ème siècle, patrimoine culturel de l'UNESCO, est un lieu envoûtant, niché dans les montagnes et entouré de forêts de résineux. Il a été fortifié pour symboliser la résistance politique et spirituelle et l'unité du peuple slave face à l'oppresion ottomane.
Mon séjour s’est « limité » à l’intérieur du
pays, je n’ai donc pas découvert les côtes de la mer Noire, mais ce n’est que
partie remise. Une des « virées » qu’aiment faire les Bulgares
consiste à emprunter le chemin de randonnée
E3 depuis Sofia sur la chaîne du Balkan et de parcourir 500 km sur la crête
du Balkan, en séjournant de refuge en refuge, pour arriver, après 15-20 jours,
à la mer Noire. S’il y a des partants pour cette aventure, faites le moi savoir ;) ...
Enfin, la cuisine
bulgare est particulièrement savoureuse. Ma première surprise a été de
manger des tomates qui n’ont rien à voir avec celles que l’on achète en France :
elles sont grandes, très charnues, juteuses et très goûteuses.
C’est un vrai
plaisir de déjeuner ou dîner chez des habitants qui nous reçoivent
chaleureusement et de déguster du caviar d’aubergine, du pain à l’huile et au
romarin ou encore d’excellents poivrons farcis. Aubergine, tomates, courgettes
sont souvent présentes dans des plats mijotés avec de la viande.
La fameuse
salade Chopska aux couleurs du
drapeau bulgare (blanc, vert, rouge) qui comporte de la tomate, des concombres
et par-dessus le fromage « siréné »,
sorte de feta bulgare séchée râpée et une olive noire en touche finale, est
servie fréquemment en entrée. Si on respecte le rite culinaire, on est invité à
boire avec cette entrée, un petit verre de la liqueur de prune (de raisin, de poire,
ou d’abricot), le fameux Rakija.
La
production du vin est une tradition dans ce pays où le culte de Dionysos est
né. Plusieurs cépages datant de l’époque des Thraces sont encore cultivés
aujourd’hui. J’ai découvert et apprécié notamment le Rubine ou le Via
Diagonalis qui tire son nom du chemin menant à Constantinople.
Clins d’œil :
- Le yaourt bulgare a des qualités curatives, la bactérie
Lactobacillus Bulgaricus ne vivant qu’en Bulgarie
- John Atanassov, l’inventeur de l’ordinateur, est
d’origine bulgare
- L’artiste Christo, connu pour ses projets d’emballage de
monuments, est Bulgare.
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