Louveteau - Zoo de Berlin, 2005
mercredi 20 avril 2011

" Ce que j'appelle oubli " de Laurent Mauvignier - Les Editions de Minuit, 2011

Quatrième de couverture : " Quand il est entré dans le supermarché, il s'est dirigé vers les bières. Il a ouvert une canette et l'a bue. A quoi a-t-il pensé en étanchant sa soif, à qui, je ne le sais pas. Ce dont je suis certain, en revanche, c'est qu'entre le moment de son arrivée et celui où les vigiles l'ont arrêté, personne n'aurait imaginé qu'il n'en sortirait pas.


7 Euros, c'est à peine le prix d'une entrée au cinéma, 60 pages, un roman que j'ai lu d'une traite en 1 heure de temps. D'une traite car cela s'imposait, puisqu'il s'agit d'un flot de paroles ponctué de , ? - mais jamais de point, ni même de point final. 60 pages, 1 heure de lecture et 7 Euros pour être bouleversé par un récit basé sur une histoire vraie qu'on appelle assez horriblement un " fait divers ". 1 heure de lecture où les mots s'entrechoquent, nous cognent, nous hâpent et où peu à peu on entre dans l'intimité d'un être pour vivre les derniers instants de sa vie. C'est presque comme d'écouter un concert, où les rythmes tantôt suspendus, tantôt rapides se succèdent. Mais contrairement à la musique, on ne respire pas, il n'y a pas de pause, on n'a pas le temps, car le flot se déverse comme jeté d'une traite, dans l'émotion et la colère, sur le papier....alors on lit, on ne peut décrocher de ces mots qui résonnent comme résonneraient ceux d'un slamer débitant son texte. On vit les rythmes différents, les avancées dans le récit, les arrêts sur images, les retours en arrière. C'est le torrent d'une absurde et tragique histoire de notre société qui parfois nous mène vers des petites rivières où l'on s'abreuve des détails de l'histoire passée de cet être.
Quand on referme le livre on se dit qu'on vient d'être embarqué pendant 1 heure dans un récit violent, vif et bouleversant. On s'est représenté les scènes décrites, on est abasourdi et penseur. Bref, quel bonheur de penser que la lecture peut nous apporter autant d'émotions différentes que le cinéma.

Petit extrait...." il dirait, ma mort n'est pas l'événement le plus triste de ma vie, ce qui est triste dans ma vie c'est ce monde avec des vigiles et des gens qui s'ignorent dans des vies mortes (...) , ce n'est pas triste comme de perdre le goût du vin et de la bière, le goût d'embrasser, d'inventer des destins à des gens dans le métro et le goût de marcher des heures et des heures et des tas de choses que je ne ferai jamais, que je n'aurais jamais faites de toute façon mais que j'aimais tellement savoir présentes, là, à côté, au cas où, si l'idée folle m'était venue (...) "

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