Louveteau - Zoo de Berlin, 2005
mercredi 7 septembre 2011

Doisneau en Val de Bièvre

L'Eco-musée du Val de Bièvre à Fresnes présente une belle exposition de Robert Doisneau, né à Gentilly, regroupant des photos prises dans les villes de l'agglomération entre 1930 et 1990. Les photos sont associées à des citations de l'artiste qui témoignent de son regard humaniste et poétique sur les villes de banlieue et leurs habitants.

Entre sa répulsion pour les décors sinistres de la banlieue et sa fascination pour la beauté et l'émotion qui pouvait soudainement surgir d'une scène de vie, Doisneau a figé des images pleines de vie, de poésie et souvent d'humour.

" Faire des photos de banlieue comme des autoportraits, le reflet du décor absurde dont j'avais horreur. "


Ces photos étaient l'occasion pour lui également d'aller à la rencontre des habitants de ces banlieues.

" J'ai pris le temps d'écouter quelques banlieusards dont les silhouettes banales ne se promènent pas uniquement pour faire de la figuration. "

Loin de la célèbre photo glamour du " Baiser de l'hotel de ville ", c'est fascinant de constater la richesse artistique qui peut émaner de scènes banales et quotidiennes d'une banlieue qui, à première vue, ne présentaient pas d'intérêt. Par son oeuvre, Doisneau transmet l'envie de prendre le temps de poser son regard pour percevoir la beauté et l'émotion dans le sordide et l'absurde.

" Cristalliser un moment fugitif, fixer une joie, un geste. (...) Il faut lutter contre cette pollution qu'est l'intelligence, pour devenir une bête à l'instinct aiguisé - une sorte de médium intuitif - alors seulement photographier devient un acte magique et doucement apparaîtront derrière les images visibles d'autres images suggérées dont le photographe ne peut être tenu pour responsable. "




" Pour bien sentir un endroit il faut qu'il y ait quelque chose qui vous rattache à l'enfance. A Fresnes j'ai des souvenirs de jeunesse ; il y avait une équipe de coureurs à pied dont je faisais partie. "

" Ces paysages de la banlieue, dans leur décor sans profondeur, détachés sur le ciel vide, dérisoires, répétaient inlassablement la même disproportion entre l'étroitesse des vies modestes, bricolées maladroitement et l'immensité du ciel, le même contraste. "

" Aux yeux des gens de goût, les images de banlieue ne paraissaient représenter qu'une accumulation de scories sans intérêt et comme l'aveu d'une complaisance pour le sordide. Un malentendu capable de décourager qui n'aurait pas mon entêtement de mule. "
 



" J'ai pensé longtemps que fixer les images c'était le refus de mourir. Il y a un peu de ça. L'univers qu'on aime ne doit pas disparaître. On a beau se cramponner après les images, on n'arrive pas à retenir le temps qui fout le camp. "

" Le terrain vague c'est la possibilité de partir en voyage. Mon enfance c'était les terrains vagues. Je pensais que cette banlieue foutait le camp, que c'était provisoire. "


Cachan vu de l'Aqueduc, 1958

" Rendre évidente une beauté méprisée parce que trop présente, trop quotidienne. "


" Une des plus grandes joies de ma carrière c'est de parler à des gens que je ne connais pas. Bien souvent ces gens simples se trouvent être des personnages délicieux qui déclenchent un climat poétique. "

" Les gestes ordinaires, des gens ordinaires, dans des situations ordinaires ... La gesticulation de la rue ça m'ennuie. Pour moi il faut qu'il y ait une intention, que ce soit vraiment subjectif, du faux témoignage ; les seules photos qui restent, ce sont celles qui sont innocentes, faites avec de l'émotion. "
 





" Dans cet univers banal qui est le mien, il m'arrive d'apercevoir des fragments de temps dans lesquels l'univers quotidien paraît libéré de toute pesanteur. Montrer ces moments là aura occupé toute ma vie "

" Toute ma vie je me suis amusé je me suis fabriqué un petit théâtre. "

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire